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Deux hommes d'affaires chinois donnent 1 M$ à la Faculté de droit

 

En 2013, un jeune Chinois étudie à la Faculté de droit de l'Université de Montréal. Il exprime alors un enthousiasme sans partage pour son expérience et ses parents sont les premiers à constater à quel point leur fils a non seulement acquis de multiples connaissances, mais est désormais ouvert sur le monde. Son père connaît un riche homme d'affaires qui, lui, en connaît un second. Ensemble, ils viennent de donner un million de dollars à la Faculté de droit.

 

La somme se transformera en bourses, majoritairement destinées à des étudiants québécois désireux d'aller étudier en Chine. Ils pourront se familiariser avec la culture chinoise, fort différente de l'occidentale et dans laquelle, par exemple, la collectivité est beaucoup plus importante que l'individu. La connaissance du système juridique chinois sera de plus un atout considérable pour un étudiant qui souhaite travailler dans le domaine des relations commerciales entre un pays occidental et la Chine.

Le don vise entre autres à honorer la mémoire et le leadership de Pierre-Elliott Trudeau, qui fut l'un des premiers dirigeants à reconnaître la République populaire de Chine en 1970. «L'histoire de M. Trudeau est connue en Chine», dit Guy Lefebvre, vice-recteur aux relations internationales et à la francophonie. M. Lefebvre a été auparavant vice-doyen puis doyen de la Faculté de droit et c'est en grande partie à lui qu'on doit les liens étroits que les universités chinoises ont tissés avec l'Université de Montréal au cours des 15 dernières années.

«Le don vient également souligner la contribution de l'Université de Montréal à l'amélioration de la gouvernance en Chine», indique le vice-recteur. Les premiers liens entre la Faculté de droit et la Chine ont été établis en 1998, lorsque le gouvernement fédéral de Jean Chrétien a demandé à l'Agence canadienne de développement international d'organiser un concours en vue de former des juges chinois. L'Université de Montréal a remporté la palme et depuis une véritable amitié s'est développée entre les chercheurs de l'Université de Montréal et ceux des grandes universités chinoises. En droit d'abord et avant tout, mais dans d'autres disciplines aussi, notamment en médecine, en chimie, en littérature et en relations industrielles.

«Notre contribution est de dire “Voyez comment nous fonctionnons dans tel secteur. À vous d'intégrer ou non ces connaissances et ces manières de faire”», résume Guy Lefebvre. M. Lefebvre a lui-même négocié l'entente relative au don, qui a été scellée au terme de trois rencontres tenues en présence d'un interprète, car «même si je parle un peu le mandarin, c'est nettement insuffisamment pour soutenir une conversation», mentionne-t-il. En revanche, un essentiel climat de confiance régnait.

Les deux hommes d'affaires sont Bin Zhang et Niu Gensheng. M. Bin est celui qui connaissait le père de l'étudiant venu à l'UdeM. C'est à lui que M. Lefebvre a présenté son projet, puis l'homme d'affaires chinois a à son tour convié M. Niu à faire la connaissance de M. Lefebvre. Bin Zhang est président de la China Cultural Industry Association, qui a pour but de soutenir des projets culturels importants. Dans ce contexte, l'idée de favoriser une plus grande compréhension entre les étudiants québécois et les étudiants chinois a séduit les deux donateurs.

Mais s'il est une chose sur laquelle le vice-recteur insiste aujourd'hui, c'est sur le fait que cette entente n'aurait pu voir le jour sans une longue collaboration entre l'UdeM et des universités chinoises. Car depuis 1998, les projets se sont multipliés : écoles d'été pour les étudiants chinois et québécois (plus de 1000 étudiants y ont participé); programme de maîtrise en droit pour les étudiants chinois, projets de maîtrise commune, etc.

Récemment, la Faculté de droit et la China Political University of Science and Law ont créé un centre sino-canadien qui a donné lieu à une première publication en mandarin sur le droit des affaires québécois; et une trentaine de chercheurs des deux pays ont tenu, en mai dernier, leur premier colloque sur le droit entourant les ressources naturelles. D'autres questions sont en chantier, dont le droit des personnes handicapées en Chine.

«Les universitaires et juristes chinois veulent connaître nos lois et nos opinions. Ils sont curieux et veulent innover», observe M. Lefebvre en rappelant que notre «bijuridisme» ‒ un système de droit civil qui cohabite avec un système de common law ‒ est attrayant pour les Chinois, qui ont un système civiliste, mais qui, pour des raisons économiques, subissent l'influence profonde de la common law. Par ailleurs, pour le vice-recteur, le caractère français de l'Université de Montréal ne pose aucun problème. Parce qu'un certain nombre de Chinois parlent le français ‒ 30 millions ‒ ou veulent l'apprendre et parce que des échanges peuvent avoir lieu en anglais. Sans parler du fait que des étudiants québécois se mettent au mandarin.

La Faculté de droit de l'Université de Montréal est celle qui a les liens les plus étendus en Chine continentale. Et la clé, c'est d'entretenir cette relation, ajoute M. Lefebvre. D'ailleurs, les étudiants chinois qui ont fréquenté l'UdeM deviennent de fervents ambassadeurs de l'Université et certains occupent à présent des postes à responsabilités. Ainsi, Lei Lu agit à titre de conseillère juridique principale en matière de règlement des paiements à la Bourse de Shanghai et Wang Xiaofang est professeure et directrice de la coopération internationale au Collège national des juges de la Cour suprême de Chine.

Paule des Rivières

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